Merci pour votre question...
Cette parole semble une allusion à une phrase bien connue
de Jésus: Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit
pas, ne peut être mon disciple (Luc 14:27)
On pourrait chipoter en disant qu'il s'agit non pas de porter
la croix du Christ mais sa propre croix, mais la question n'est
pas là. Elle est de savoir ce que signifie cette parole difficile.
Le sens qu'on lui donne en général est de dire que
chacun doit être prêt à faire des sacrifices
personnels pour suivre Jésus, jusque peut être donner
sa vie comme lui l'a fait sur la croix. Sur cette idée, je
pense que tous sont d'accord.
Mais les protestants ne croient, en général, pas
que le sacrifice ait une valeur en soi. Le but n'est pas de se rendre
malheureux, de se priver ou de souffrir, mais de faire ce que l'on
a à faire pour le Christ et d'assumer le fait que cela puisse
nous amener à certaines difficultés ou à des
sacrifices. On ne peut pas à la fois privilégier son
propre confort ou son propre intérêt matériel
et l'amour ou le service du prochain.
C'est en fonction de cela que les protestants n'aiment en général
pas trop l'idée de carême. Se priver pour se priver
ne semble pas avoir beaucoup de sens. Ce qui a de la valeur, ce
n'est pas le fait de se priver ou de souffrir, mais le bien que
l'on fait peut être à ce prix. Si l'on se prive, c'est
pour donner.
Et si c'est pour donner alors il n'y a pas dans l'année
une période pour donner et une pour garder pour soi. C'est
toute l'année qu'il faut servir le Christ et être prêt
à se sacrifier un peu pour les autres et pour le service
de l'Evangile.
Jésus ne dit pas "portez votre croix du 10 février
au 27 mars", mais plutôt "soyez prêts à
porter votre croix s'il le faut"... Et donc si le carême
c'est de servir Dieu et son prochain, alors faisons-le toute l'année.
Bon carême dans tous les cas...
Et très amicalement,
Louis Pernot