Ouverture et Actualité
Article
précédent
liste
suivant
Actualité cinématographique
Sur cette page :
Précédent article sur le Cinéma :
Film : « Les poupées russes »,
Réalisateur Cédric Klapisch, avec Romain Duris,
Audrey Tautou, Cécile de France
Durée: 2h05.
Trois ans après l'Auberge
Espagnole, Cédric Klapisch nous propose avec Les poupées
russes, une suite encore plus jubilatoire et pleine de sens.
En fait l'action se déroule cinq ans plus tard, Xavier
(Romain Duris), Isabelle (Cécile de France) et leurs
copains et copines ont quitté leur appartement à
Barcelone, après leurs aventures et expériences
post-adolescentes.
Tout ce beau monde est devenu adulte mais notre
héros, Xavier, n'y voit pas clair pour autant dans sa
vie: ses projets professionnels sont chaotiques et ce n'est
guère mieux sur le plan sentimental. Il voyage beaucoup,
de Paris à Londres en passant par Saint Pétersbourg,
"mais c'est quoi ce bordel avec l'amour" s'exclame-t-il
en cherchant à localiser cette "poupée russe",
la plus petite, celle qui se cache à l'intérieur
de toutes les autres et qui attend..!
Klapisch, en la personne de Duris, prend la vie
au sérieux mais "ne se prend pas la tête".
Il croque à pleine dent l'instant présent et avance
dans une fantaisie gentiment subversive.
Que de scènes pétillantes d'énergie,
de drôlerie, de tendresse! A travers les nombreuses péripéties,
pleines d'humour et d'humeur, c'est l'ère du temps que
nous respirons. Tous les doutes, les travers, les sensations
cachées dans l'ultime poupée qui nous attend,
se manifestent comme un juste retour des choses. La vie romanesque
ne dure pas éternellement, la vie active nous attend
et nous ne pouvons nous y soustraire. Nous sommes dans l'actualité
individuelle, sociétale et européenne, ça
tombe à pic!
Pierre Nambot
haut
Film : « Sommeil amer », réalisé
par Mohsen Amiryoussefi (Iran) avec Abbas Esfandiari, Delhar Ghasri,
Monhsen RahiMI
Durée: 1 h 27.
Le cinéma iranien nous
réserve souvent des surprises car il est capable du meilleur
comme du pire. C'est donc avec méfiance que je suis allé
voir le 1er film de Mohsen Amiryoussefi.
J'ai été immédiatement surpris
et interrogatif en me demandant s'il s'agissait d'un documentaire
sur un cimetière ou d'une fiction, voire d'une farce macabre.
Mais les personnages tiennent finalement des propos très
pertinents même si leur comportement est un peu désinvolte
et le style un peu burlesque.
L'association du réel et de l'imaginaire
va s'accentuer et permettre de suivre l'activité dans un
cimetière avec les rituels de la mort accompagnés
de la philosophie sur la vie et la mort sans que le moral soit
mis à l'épreuve. Les réflexions, souvent
teintées d'un humour froid, posent avec justesse les vrais
problèmes existentiels. Il y a par exemple un parallèle
avec les croyances islamiques, juives et chrétiennes. Le
salut occupe une place importante avec Esfandiari, le grand ordinateur
du repos des morts et du comportement des vivants. Lassé
de la vie et des humains, il se prépare à passer
dans l'autre monde. Il n'a plus peur d'Azraël, l'ange de
la mort, mais il lui faut au moins être pardonné
par les victimes de ses sarcasmes et de sa méchanceté
même s'il lui arrive d'avoir des sursauts de bienveillance.
Il va acheter ses pardons sans pour autant renoncer aux marchandages!
Ce film est un hommage à l'existence et
un exorcisme incantatoire à la fois tragiques et drôles.
Mohsen Amiryoussefi a pris un risque important: le sujet est périlleux,
le style est emprunt d'ironie et les acteurs ne sont pas des professionnels
mais des personnes qui exercent dans la vie le rôle qu'elles
interprètent à l'écran. Le résultat
est une très grande réussite!
Pierre Nambot
Film : « Le pont du roi St Louis », réalisé
par Mary McGuckian, avec Gabriel Byrne, Robert de Niro, Harvey Keitel,
Samuel Le Bihan, Geraldine Chaplin. Durée: 2 h.
Ce film est adapté d'un
roman éponyme de Thornton Wilder, prix Pulitzer en 1928,
dont le succès ne se dément pas encore aujourd'hui,
principalement aux Etats Unis.
Les luttes d'influence sont le lot quotidien de
notre société; il en était ainsi en 1714
à Lima! Autour d'un fait réel et de personnages
ayant réellement existés, trois univers rivalisent
et s'entremêlent: le pouvoir politique avec la Cour, le
pouvoir religieux avec le cléricalisme catholique et le
spectacle avec le théâtre.
Sous la forme d'une fresque magnifique par l'image,
l'interprétation et la musique, nous faisons connaissance
avec une galerie de portraits particulièrement bien campés:
la marquise de Montemayor, une épistolière façon
Sévigné, la Périchole, une actrice qui sait
jouer et se jouer des autres, l'oncle Pio, un intrigant inégalable,
et l'archevêque de Lima avec tout l'autoritarisme
que lui confère sa fonction.
Quelle imprudence ou impudence du jeune moine franciscain,
frère Juper, d'oser vouloir expliquer la cause de la mort
de grandes personnalités dans la rupture du pont du roi
St Louis. Introduire de la rationalité dans la théologie
est une hérésie! La sanction est immédiate
et la neutralisation assurée par le châtiment suprême.
Quel courage ou inconscience, pour le réalisateur
et le distributeur de sortir ce film, fut-il bon, dans le contexte
actuel, à moins que l'aspect commercial escomptée
ne se situe pas en Europe mais aux Etats Unis.
Pierre Nambot
|
|
|