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Numéro 206
Février 2007
( sommaire )

Série : les lamentations

Celui qui nous faisait vivre
est maintenant pris dans leurs pièges.
C’était le Messie du Seigneur
et nous disions de lui :
« Sous son ombre
nous vivrons au milieu des autres peuples. »
Lm 4,20

5. Souffrance du Christ ou absence de Dieu

Procession de la semaine sainte à Séville. Photo DREn ce Messie brisé, les Pères de l’Église verront le Christ.

Et Irénée de Lyon lira dans ce verset une prophétie de la passion : « L’Écriture nous fait savoir que le Christ, tout en étant Esprit de Dieu, devait se faire homme soumis à la souffrance, et manifeste en quelque sorte surprise et étonnement devant ses tourments, de ce qu’il devait supporter ainsi les tourments, lui à l’ombre de qui nous avons dit que nous vivrions. Et l’Écriture appelle ombre son corps, parce que comme l’ombre est produite par un corps, ainsi la chair du Christ aussi a été faite par son esprit. Mais par l’ombre elle signifie aussi l’abaissement de son corps et sa facilité à être humilié, parce que tout comme l’ombre des corps droits et debout est foulée aux pieds, de même aussi la chair du Christ tombée à terre a été pour ainsi dire foulée aux pieds dans sa passion. » (Démonstration de la prédication apostolique ch. 71, coll. Sources chrétiennes 62).

Cette lecture christocentrique des Lamentations s’est imposée dans l’Église au point qu’elle intégrera Les Lamentations dans les offices de la semaine sainte à partir du VIIIe siècle, afin de favoriser la méditation de la passion du Christ par les fidèles.

Mais cette interprétation chrétienne, qui a souvent négligé le sens historique du texte, s’est faite au détriment des interprétations juives, méconnues et disqualifiées.

Aujourd’hui le dialogue judéo-chrétien a permis de retrouver la pluralité des lectures. Ainsi face à la souffrance, là où le christianisme confesse la présence de Dieu à travers le Christ, le judaïsme exprime davantage son absence, son exil. Par exemple dans le commentaire du Zohar sur Les Lamentations (Le Zohar, Lamentations, Éditions Verdier, 2000), le peuple pleure le départ de la Chekhina, – la présence de Dieu, sa part féminine : « Nous interrogeons les chemins et les sentiers, tous nous disent qu’ils ont entendu une voix amère, sanglotante, qui pleurait sur ses enfants et ils ignorent où elle s’en est allée. C’est à nous qu’il appartient de pleurer, à nous qu’il revient de dire le chant funèbre, nous embrasserons la poussière de ses pieds, le lieu de sa demeure, nous embrasserons les murs du palais et nous pleurerons amèrement. »

Mais dans un cas comme dans l’autre, ce qui est requis de l’homme, c’est la fidélité. La fidélité dans l’amour.

Car aux heures des immenses détresses, c’est souvent dans le plus humble signe d’amour que Dieu trouve son refuge. feuille

Florence Taubmann

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