L’Eglise d’Angleterre
est une fois encore entrée dans l’oeil du cyclone ! Alors
que nombre d’Eglises de la communion anglicane ont depuis des
décennies des femmes évêques, l’Eglise-mère
traîne les pieds et certains en son sein s’appliquent à
reprendre les mêmes arguments qu’ils avaient développés
à propos de l’ordination des femmes.
Les uns agitent la Tradition qui ne permettrait pas de féminiser
un clergé mâle à l’image de Jésus
et de ses apôtres (en tout cas tel que les évangiles
le racontent).
D’autres veulent préserver leurs relations oecuméniques
avec les Eglises orthodoxes et catholique - dont on sait l’hostilité
aux ministères féminins. Pourtant un événement
inédit s’est produit, le dépôt d’un
projet de loi au Parlement de Londres. En effet, alors que le Synode
général de l’Eglise d’Angleterre devait discuter,
en juillet de l’épiscopat féminin, un député
travailliste a tenté, fin mars, de le court-circuiter en déposant
un projet de loi, destiné à mettre la pression sur l’Eglise
!
Du jamais vu, car le Parlement se borne normalement à ratifier
les changements dans l’organisation de l’Eglise d’Angleterre
(Eglise d’Etat) décidés par un vote du Synode général.
Ce député et nombre de ses collègues de toutes
tendances politiques ont présenté l’atermoiement
de l’Eglise comme un refus de l’égalité hommes-femmes
: « Comment l’Eglise peut-elle prêcher l’égalité
de tous les humains lorsqu’elle institutionnalise la discrimination
?
L’Eglise tend une oreille trop complaisante à son aile
ultra-conservatrice », a déclaré le rapporteur
à la Chambre des Communes qui a loué le rôle des
femmes dans la société britannique et le ministère
remarquable qu’accomplissent les femmes prêtres dans les
paroisses (10 % du clergé anglican actuel et 50 % des étudiants
en théologie).
En fait, et quel que soit le résultat de la manoeuvre, le
signal clair donné à l’Eglise d’Angleterre
ressemble fort à un rappel à l’ordre : l’Eglise
du peuple anglais ne peut prétendre à le représenter
si elle est socialement hors jeu sur le plan de la parité.
Mais il n’est pas sûr que le Parlement se saisisse de
ce projet de loi !