Un voisin, plein de
bonnes intentions, vient me demander la permission dassister au
culte. Je mefforce de lui expliquer que le culte protestant est
public. La fermeture des portes, qui ne sentrouvrent que le dimanche
matin, laisse à penser que nos services religieux sont confidentiels,
même si lon peut y participer sans avoir reçu un
bristol. De passage dans la banlieue parisienne pendant lété,
un père et son fils, après une laborieuse recherche, trouvent
le temple où ils sont accueillis par une porte fermée
avec une inscription à la craie « fermeture annuelle ».
Un plaisantin sest permis dajouter : « Le Bon Dieu
est parti en vacances avec lautorisation du pasteur ! »
Contrairement à ce que disent nos coreligionnaires
les plus médisants, dont vous et moi, bien entendu, ne faisons
pas partie, laccueil est généralement satisfaisant
dans nos temples à partir du moment où nous en avons trouvé
laccès, qui nest pas toujours signalé sur
les plans, et nous avons compris litinéraire, qui constitue
parfois un véritable marathon.
Trouver un temple ouvert le dimanche est une chose, participer
à un culte en est une autre. Si vous avez des invités,
tâchez daller là où le prédicateur
délivre un message avec un dynamisme comparable au soleil à
son lever et non à la lune en son dernier quartier. Vous connaissez
lhistoire du protestant qui explique à un ami comment on
se tient dans un temple : « Vous restez debout, le visage dans
votre chapeau Ah ! Et quest-ce que vous faites ?
Ce que font les autres, je nen sais rien. Moi je compte jusquà
37 avant de masseoir. »
Partant de létymologie, Jean Calvin, qui
navait pas toujours tort, pensait que le culte était lhonneur
rendu à Dieu. Le pasteur Pierre Ducros, qui a souvent écrit
dans Évangile et liberté, pensait que Dieu navait
pas besoin de notre culte. Cest nous qui en avons besoin. Un chrétien
ne peut pas être tout seul : nous sommes chrétiens là
où deux ou trois sont réunis.
Nous voici maintenant à la sortie du culte, heureux
déchanger des nouvelles. Nest-ce pas une autre forme
de communion ? Nous avons lassurance que la parole de Dieu ne
revient pas à lui sans effet. Le monde est-il en train de se
transformer pour autant ? Non, mais il vient de se passer quelque chose.
« La promesse, nous dit lapôtre Pierre, est pour vous,
pour vos enfants. » Il vient de se passer quelque chose et non
pas seulement pour les proches du protestantisme, mais également
« pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nom-bre que
Dieu les appellera » (Ac 2,39).
Philippe
Vassaux