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Buf et Âne de crèche provençale. |
Le pseudo Matthieu se réfère à un texte dÉsaïe : (1,2-3) dénonçant Israël qui sest révolté contre Dieu, valant alors moins que certains animaux, puisque : le buf (lui) connaît son possesseur, et lâne la crèche de son maître. Mais la référence à ce passage est hors contexte, et ressemble au mauvais travail dun étudiant en théologie qui aurait cherché le mot « crèche » dans sa concordance.
Plus positive, est lautre référence faite à un texte du prophète Habacuc (1,1-3) (absent de nos Bibles, puisquil sagit dune extrapolation de la traduction grecque) disant à Dieu : tu tes fait connaître entre deux animaux. Il est beau daffirmer que Dieu se révèle par le vivant, par la merveille de sa création. Il est bien le créateur de la vie, et toute vie nous fait connaître Dieu et le rend présent dune certaine manière au milieu de nous.
Mais ce qui est inadmissible, cest lidée que le buf et lâne aient pu adorer le Christ. Les animaux nadorent pas Dieu, seul lhomme peut le faire. Il est mauvais de citer ces animaux comme exemples du croyant. En effet, si les animaux sont précieux dans la Bible, néanmoins nous sommes appelés à ne pas leur ressembler : lhomme qui na pas dintelligence ressemble à du bétail que lon abat (Ps 49,21) Nous devons adorer Dieu et laimer non pas bêtement, mais de toute notre intelligence, de toute notre pensée. Nous ne sommes pas supposés être par rapport à Dieu ou au Christ comme des animaux, fussent-ils serviables et fidèles, sans poser de question. Au contraire, Dieu crée lhomme à son image comme un vis-à-vis, pas dans la servilité animale. Dieu veut des êtres humains rationnels pour être ses interlocuteurs et entrer en dialogue avec eux. Dailleurs, le Christ ne chassera-t-il pas les bufs du temple ? (Jn 2,14) Et il a eu raison, ils nont rien à faire là, ce que je dis, nous dit encore Paul, cest que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption nhérite pas lincorruptibilité.
Et puis il est inconcevable, dans la symbolique biblique que lâne qui représente la dimension physique de notre vie, et le buf qui représente lidolâtrie du veau dor, viennent adorer le Christ.
Mais si nous voulions absolument sauver cette tradition
catholique, nous pourrions dire que quand le Christ naît, tout
lui est soumis et reconnaît en lui ce qui est le plus grand :
même la dimension purement matérielle et animale et même
ce qui lui est normalement opposé, parce que le Christ fait toutes
choses nouvelles et sauve toute la création.
Désireux de manifester, en face de la Réforme, plus de rigueur dans lexpression de la foi des fidèles, le concile de Trente a décidé dépurer certaines croyances fondées sur les seuls évangiles apocryphes. Il en fut ainsi de la présence à la crèche du buf et de lâne. Leurs représentations furent donc proscrites dans les tableaux et sculptures figurant la Nativité, lAdoration des bergers et celle des mages.
Cette recommandation fut relativement bien suivie à la fin du XVIe siècle et au cours du XVIIe siècle, sauf par quelques artistes inspirés directement par la foi populaire. Ainsi on ne trouve pas, ou presque pas, le buf et lâne chez Rubens, ni non plus chez Velasquez, Zurbaran, Philippe de Champaigne ou Vignon.
Avec le temps et sous la pression des fidèles, le buf et lâne réapparurent et, dès le XVIIIe siècle, accompagnent Marie, Joseph et lenfant Jésus dans les scènes de la Nativité, en particulier dans les crèches.
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Numéro 184 |
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