LÉglise
Réformée de France nest pas avare de documents en
tous genres qui ne manquent pas de nous rappeler que la vocation de
lÉglise est dannoncer lÉvangile.
Mais si lon interroge les protestants, des plus
engagés aux plus passagers, il est difficile de se faire une
opinion sur ce quils entendent par « Évangile ».
Métant livré à un sondage, que je ne prétends
pas représentatif, jai constaté que les définitions
les plus fréquentes tournaient autour des commandements : «
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.
»
Or, il nest pas besoin dêtre titulaire
dune maîtrise en théologie pour avoir appris quil
sagit là non pas de lÉvangile mais du sommaire
de la Loi.
A partir de telles prémisses, le risque, pas toujours
évité dailleurs il suffit pour sen
convaincre de lire certains vux synodaux est de confondre
annonce de lÉvangile et exhortations à luvre
sociale.
Certes, personne ne prétend que les uvres
donnent accès au salut, mais la notion dÉvangile
reste enfouie dans une sorte de non-dit, comme sil sagissait
dune évidence quil serait incongru de définir
plus avant. Comment dès lors lagnostique le plus honnête
et le plus ouvert pourrait-il comprendre ce dont il sagit ?
Ce journal porte un titre magnifique, qui vient rappeler
ce qui fut lintuition fondatrice de la Réforme : que lÉvangile
nous libère du péché davoir à nous
justifier, de la loi, de la mort, de la peur, du ritualisme religieux,
des institutions ecclésiastiques
bref de tout y compris
de nous-mêmes. « Le Christ nous a libérés
pour que nous soyons vraiment libres », écrit Paul aux
Galates.
Comme le rappelle le livre de lExode, la liberté
ne se trouve pas dans notre berceau. Nous lui préférons
la sécurité, même au prix de lesclavage ;
il faut donc que nous soyons libérés.
Dieu a décidé, par pure grâce, de
considérer chacun de nous comme si nous étions Jésus-Christ.
Croire cela donne la liberté. Tel est lÉvangile.
Serge
Oberkampf de Dabrun