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articles du N° 161 - Décembre 2002

( sommaire )

Éditorial : Voeux de Noël et de nouvel an

Les moyens de communication modernes, les styles de relations humaines et surtout les négligences d'organisation personnelle mettent à mal la vieille coutume des voeux annuels.

Pourtant tout ce qui peut favoriser et améliorer les relations et contacts entre les êtres qui se cotoient sur une même Terre, ne devrait pas être négligé. Pour beaucoup, le « monde » social est si froid et si dur.

Les voeux. Quelle efficacité ont-ils ?

Sont-ils une résurgence de paganisme (la magie des mots prononcés) ?

Mais voir, saluer, exprimer à un être ami, la lumière et l'espérance dans lesquelles nous le situons demain, est-ce rien ?

Quand l'apôtre Paul écrivait aux corinthiens « que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Seigneur » disposait-il de cette grâce et de cette paix ?

Pour le croyant, un voeu est une prière. Elle n'est pas vaine. Elle devient bénédiction.

D'une part, ne serait-ce que parce qu'elle nous engage, envers Dieu et envers ceux pour qui nous adressons cette prière avec toute sa sincérité.

Ne sommes-nous pas décidés à rendre bonne l'année de ceux à qui nous la souhaitons. Ce n'est pas rien.

Enfin confier l'avenir des êtres que nous aimons entre les mains de Dieu, est-ce une superstition ou un acte de foi ?

Comme la série des années, la vie est une succession de naissances possibles.

En un sens, nous pouvons, avec les autres et pour eux, naître de nouveau à l'espérance.

Christian E. Mazel

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Textes divers

Peut-être fallait-il que l'enfant naisse de nuit

Méditation pour la nuit de Noël

Francine Carrillo

Peut-être fallait-il que l'enfant naisse de nuit

pour qu'il fasse jour dans le monde.

Peut-être fallait-il être dans la nuit

pour découvrir la lumière.

Peut-être faut-il aimer la nuit

pour que le matin y dessine sa promesse.

Ce qui nous arrive en cette nuit,

dans le visage d'un tout-petit,

c'est ce qui arrive chaque fois

que le sourire d'un enfant brise nos défenses.

Ce qui nous arrive,

c'est une douceur qui n'est pas de ce monde,

non pas une douceur de pacotille,

de celles qui nous écoeurent,

mais une douceur qui éveille le coeur

à la joie d'être, à la joie de naître.

Ce qui nous arrive

c'est que Dieu

n'a pas d'autres chemins

que nous pour venir jusqu'à nous.

C'est en nous que la douceur attend de faire son lit,

C'est à nous qu'il revient de bercer Dieu.

Car la nouvelle de Noël, c'est :

Dieu entre nos mains

pour que se lève demain !

Dieu en attente de notre tendresse

pour que vive sa promesse !

Dieu au berceau de notre âme

pour qu' en nous veille sa flamme !

Rendez-vous manqués

Pas étonnant, doit se dire Dieu

Que notre histoire soit tissée de rendez-vous manqués !

Vous m'attendez dans toute la puissance

Et je vous espère dans la fragilité d'une naissance

Vous me cherchez dans les étoiles du ciel

Et je vous rencontre dans les visages qui peuplent la terre !

Vous me rangez au vestiaire des idées reçues

Et je viens à vous dans la fraîcheur de la grâce !

Vous me voulez comme réponse

Et je me tiens dans le bruissement de vos questions.

Vous me façonnez à votre image

Et je vous surprends dans le dénuement d'un regard d'enfant

Mais sur les ruines de vos errances

Un avenir de tendresse se prépare

Où je vous attends comme la nuit attend le jour...

Seigneur de la nuit

Seigneur de la nuit, Dieu de Lumière,

Visite mon étable obscure !

Prépare en moi un lieu de naissance

Pour que Noël ait lieu en ce jour !

Souvent j'ai croisé en chemin

Des êtres en proie à la fièvre du paraître et de l'avoir

Et j'ai cru lire dans leurs yeux le reflet de mon propre visage.

Ils m'ont fait horreur, car nous étions du même bord,

Nous étions tous à la dérive...

Sans personne pour nous faire naître à la vie,

Sans personne pour naître de nous !

En tes mains de tendresse, je dépose mon angoisse de ne pas exister.

Mais en ce jour de Noël, Seigneur,

Tu prendras naissance en moi

Pour venir au monde qui m'entoure,

Et moi, je naîtrai de toi.

Seigneur de la nuit, Dieu de Lumière,

Visite mon étable obscure.

Prépare en moi un lieu de naissance

Afin que Noël ait lieu en ce jour.

Alors enfin, dans mon désert, il y aura place pour les autres

Ces autres que je te nomme maintenant

Dans un silence qui implore ta compassion...

Amen

Service Eurovision 2001

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Les premiers amis de Jésus (Évangile de Jean chapitre 1 verset 35 à 50)

Cette page du début de l'Evangile de Jean tourne autour de l'identité de Jésus. Non de manière abstraite ou doctrinale, mais de façon concrète et existentielle. Jésus parle, rencontre, appelle et amène ses interlocuteurs à lui répondre, littéralement à être responsable, par leurs paroles et par leurs actes. Et le lecteur, lui aussi, est rejoint par cette parole, invité à son tour à se déterminer. Pour lui, comme pour les disciples, qui est Jésus de Nazareth ?

De rencontre en rencontre

On note tout de suite l'abondance de verbes de mouvement et de relation : regarder, marcher, suivre, se retourner, voir, chercher, venir, aller, écouter, trouver, amener, sortir, connaitre, appeler, répondre... Tout commence par la question de Jésus : « Que cherchez-vous ? » (v.38) Et aussitôt cette parole va susciter d'autres paroles. Son appel va entrainer d'autres appels. Sa rencontre va provoquer d'autres rencontres. On a même parfois du mal à suivre.

Il y a d'abord Jean qui désigne Jésus à ses disciples (v.36), puis André qui amène son frère Simon à Jésus (v.42), puis Philippe qui va trouver Nathanaël (v.45). Mais au bout du compte, le résultat est toujours le même : conduire vers Jésus quelqu'un qui à son tour va l'annoncer à d'autres.

La foi n'est pas ici la prétentieuse assurance de religieux bardés de certitudes, mais elle est une quête et un chemin sur lequel chacun avance à son rythme. Certains comme André, Pierre, Philippe perçoivent aussitôt une immense et bouleversante espérance, d'autres comme Nathanaël commencent par se moquer. Pourtant de proche en proche, dans le doute ou l'assurance, l'Évangile va se répandre, non comme une doctrine ou un savoir sur Dieu, mais comme une puissance de vie qui transforme et renouvelle, comme une parole fragile qui met en route et qui suscite de nouveaux témoins.

Une brassée de confessions de foi

Ici, en quinze versets, il n'y a pas moins de cinq manières différentes de parler de Jésus. Pour Jean l'« agneau de Dieu » (v.36), pour ses disciples c'est un « rabbi, ce qui signifie maître » (v.38), pour André c'est « le Messie, ce qui signifie le Christ » (v.41) pour Philippe c'est « celui que Moïse et les prophètes annonçaient » (v.45) pour Nathanaël, c'est « le Fils de Dieu, le roi d'Israël » (v.49). Ainsi, le témoignage rendu au Christ passe par des différences et cette diversité des expressions de la foi est extrêmement importante.

En ces temps d'intolérance, elle est le meilleur antidote aux dérives fondamentalistes, intégristes ou fanatiques de ceux qui croient avoir mis la main sur Dieu ou qui absolutisent leur vérité au point de vouloir l'imposer aux autres. Mais en ces temps de tolérance molle voire d'indifférence, elle est aussi un appel à partager clairement ses convictions sans prétention ni timidité, à oser la différence pour résister à l'uniformité des consensus insignifiants..

C'est dire que la pluralité n'est pas un oreiller de paresse, ni la juxtaposition d'opinions diverses et également acceptables. C'est une réalité exigeante qui appelle discussion et débat pour confronter les positions diverses et construire les convictions communes.

La parole des autres

Nous voyons dans ce texte que ceux qui confessent le Christ sont liés presque physiquement aux témoins qui les ont conduits vers lui, liés aussi à tous ceux qui les entourent et à ceux qui les ont précédés. Et si leurs mots expriment d'abord une réponse personnelle, ils sont aussi porteurs des espérances et des attentes de tout un peuple (v.45).

Il en est de même pour nous. Nous ne pouvons vivre sans les autres, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui. C'est leur parole qui nous empêche de construire des vérités à notre convenance ou de réduire Dieu à notre image. Elle interroge et bouscule nos points de vue particuliers et exclusifs, ceux de nos frontières institutionnelles ou confessionnelles, ceux de nos hexagones spirituels et théologiques. Elle contraint à la remise en question et à l'approfondissement. C'est le cas içi pour Nathanaël. Ce que Philippe lui annonce ne « colle » pas avec son savoir, ne rentre pas dans son système. Alors il ironise « peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth » (v.46), une bourgade qui n'est même pas mentionnée dans les Écritures ! Et c'est pourtant cette parole de l'autre qui va le déloger de son système, savamment construit, pour le mettre en route.

Liberté et responsabilité devant Dieu

En effet, quels que soient les détours et les cheminements et quel que soit le rôle joué par les témoins, il y a toujours au bout du compte une rencontre seul à seul avec Jésus. C'est dans cette relation personnelle avec Dieu que se trouvent le coeur de la foi, la racine inaliénable de la liberté chrétienne. Personne ne saurait nous contraindre, ni répondre, ni décider à notre place. Dieu ne veut pas de relation avec lui par procuration, par ministère ou institution interposés. Il ne veut pas des réponses toutes faites, les « prêts à penser » et les « prêts à croire » des doctrines et des catéchismes, mais il demande à chacun une démarche qui lui soit propre dans ses mots, dans ses gestes et dans sa vie à lui.

Ici chacun est appelé à se mettre en route et à oser dire sa foi. Que celle-ci soit balbutiante ou convaincue, assurée ou bourrée de questions, Jésus accueille et aime chacun tel qu'il est. Ainsi Nathanaël qui s'échinait sous son figuier à scruter la venue du Messie, lui qui pensait savoir et qui n'a pas su voir. Et quand enfin il croit et reconnaît personnellement en Jésus le Christ, il découvre qu'il n'y est pour rien, mais que Jésus depuis longtemps l'avait enveloppé dans son regard d'amour : « avant même que Philippe ne t'appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t'ai vu ». (v.48).

Ainsi la rencontre avec Dieu n'est pas au bout des efforts humains, mais elle est le fruit de son amour premier. Sous le figuier de nos vies, avec leur poids de fatigue, de solitude et de découragement, il nous voit nous aussi et il promet de nous faire voir (v.50) « des choses bien plus grandes ».

Michel Bertrand

Responsable de « Théovie » Service de formation biblique et théologique à distance de l'Église réformée de France. Le service « Théovie » propose un module biblique « Douze rencontres avec Jésus » dans lequel on retrouvera l'étude de ce texte « La rencontre de Jésus avec les premiers amis ». Téléphone : 04.67.06.45.80

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Jésus, fils de Joseph et de Marie

Ben Yoseph

Le premier titre qui lui fût donné s'énonça certainement ainsi : « Yeschouah ben Yosef » Jésus fils de Joseph. Dès lors qu'il venait à parcourir son pays, il devint Jésus « de Nazareth » pour ceux qui le rencontraient et ne connaissaient ni Joseph, ni Marie, mais la ville qui l'avait vu grandir. Tout naturellement, des habitants de Nazareth qui l'entendront lire et interpréter le prophète Ésaïe s'étonneront : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? » (Luc 4,22) 1

Matthieu l'appelle « le fils du charpentier » (13, 55) 2. C'est Jean qui présente avec le plus de naturel Jésus comme « fils de Joseph » : Philippe, qui va annoncer à Nathanaël avoir trouvé celui dont parlent les écritures, s'exclame en disant qu'il s'agit de « Jésus de Nazareth, fils de Joseph » (Jean 1,45). Jean fait encore dire aux Juifs qui murmurent au sujet de l'enseignement de Jésus portant précisément sur les rapports entre le Père et le Fils : « Celui-ci n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, lui dont nous connaissons le père et la mère ». L'évangéliste Jean ajoute cette mention pour marquer que Jésus, dans le rôle de « Fils » du « Père », est bien né d'une filiation humaine.

Était-il bien de Joseph... ?

Le doute nous vient du fait que les évangiles de Luc et de Matthieu, écrits aux environs des années 85 à 90, nous parlent de la naissance de Jésus comme du résultat d'un engendrement direct de Jésus par Dieu - engendré par l'Esprit saint, c'est-à-dire Dieu (Mt 1 et Luc 1-2).

Dans la secte juive des esséniens (les manuscrits de la Mer Morte en témoignent) se trouvait développée l'idée que le messie attendu pouvait n'avoir ni père, ni mère - tel Melchisédeck, le roi de Salem (Jérusalem) qui rencontra Abraham, (dans l'ancien Testament en Genèse 14,12-20 et Ps 110,4). Il suffisait pour les chrétiens de reprendre cette idée à leur compte - à moins qu'elle ne fut apportée par des esséniens convertis à la foi au « messie » Jésus. L'épître aux Hébreux (qui date à peu prés de la même époque que Mathieu et Luc) présente, en effet, une tradition trés proche de celle de la naissance « virginale » : Jésus est appelé « prêtre... à la manière de Melchisédek » (Hb 5,6 ; 5,10 ; 11,17), « qui n'a ni père, ni mère » 3

Nous dirons donc, mais que chacun se sente libre de ses convictions : Jésus est né de Marie et, certainement de Joseph, ses frères et soeurs étaient connus dans l'entourage de Jésus - l'un d'eux, Jacques, deviendra chef de l'Église de Jérusalem.

L'Évangile de l'enfance une interprétation de l'événement Jésus de Nazareth

Les premiers chrétiens ne s'étaient guère intéressés à la naissance de Jésus : L'évangile le plus ancien, Marc, (on situe sa rédaction entre 55 et 70) n'en parle pas et commence par évoquer Jean-Baptiste pour présenter ensuite le récit du baptême de Jésus (adulte) par Jean et l'appel des premiers disciples.

Les textes sur la naissance virginale, nettement plus tardifs, interprètent l'événement Jésus de Nazareth. En somme, ils nous apportent une confession de foi des chrétiens (de certains chrétiens, du moins) des années 80-90, disant que la naissance de Jésus fait partie d'une sorte de plan de Dieu. Certes, dès que les chrétiens avancent et multiplient ce genre d'interprétation, les contradictions s'accumulent : Si ce fut le plan de Dieu de sauver ou de rétablir Israël dans son intégrité de peuple élu et libre, il faut bien constater que le résultat en est un échec, à moins de renvoyer la réalisation de ce plan à « plus tard », - un report qui dure depuis deux mille ans ! Par contre, le message des textes demeure. Voyez comme Dieu vous est proche !

La datation de la naissance de Jésus

Le messie devait bien, pour certains juifs, naître à Bethléhem. On sait aussi aujourd'hui que l'événement de la naissance de Jésus se situe quelques 4 à 6 ans avant l'année fixée comme étant la « première » (d'après les recherches sérieuses faites en la matière). L'incertitude est encore plus grande quant au jour de l'année et l'on sait que les Églises orientales ont gardé l'épiphanie comme jour anniversaire. Le rôle de la lumière renaissante dans les fêtes pré-chrétiennes ainsi remplacées par Noêl est évident dans le choix porté sur le 25 décembre.

Mais si le doute est justifié à propos de la date, n'est-ce pas à l'avantage de l'importance de Jésus pour nous ? Qu'il est bon de pouvoir penser que chaque jour de l'année peut être celui de la naissance de Jésus, si nous voyons en lui ce témoin privilégié parmi les hommes porteurs de la présence de Dieu !

Jésus est-il né à Bethléhem ?

Quant au lieu, il paraissait simplement logique, vers la fin du 1er siècle, que le Messie soit à l'image du roi David, originaire de Bethléhem. Quoi de plus tentant donc de le faire naître à Bethléhem ! Rappelons que Luc rapporte un déplacement de Joseph et de Marie de Nazareth vers Bethléhem. Dans l'évangile selon Matthieu, qui est légèrement postérieur à Luc, l'itinéraire est exactement inverse ! Matthieu suppose connue l'information au sujet de la naissance de Jésus à Bethléhem et, après avoir montré que les mages rendent hommage au vrai roi à Bethléhem, évoque une fuite en Egypte, pour nous dire qu'après ces péripéties Joseph et sa famille viennent s'installer à Nazareth en Galilée (Mt 2).

Mais, en nous basant sur les données de l'évangile le plus ancien (Marc), on constate que la « patrie » de Jésus est Nazareth et la Galilée. Si l'idée d'une naissance à Bethléhem avait été présente dès le début dans la tradition au sujet de Jésus on en trouverait mention dans les textes les plus anciens. Et alors, Jésus aurait pu être appelé « de Bethléhem » plutôt que « de Nazareth »4 Si, donc, une naissance à Bethléhem paraît tenir de la légende venant au secours de la démonstration du caractère royal de Jésus, la question des antécédents davidiques de Jésus peut être examinée séparément. La fiabilité des arbres généalogiques de Matthieu 1 et de Luc 2 n'est pas très grande. Mais l'attribution à Jésus d'un rôle messianique n'est pas une invention postérieure. Jésus a bien été considéré comme Messie (Christ), c'est justement le motif de la condamnation que Pilate fait inscrire sur la croix. Certes, lorsqu'on passe du témoignage de Marc à celui de Matthieu, nous constatons que la tradition au sujet de Jésus évolue dans le sens d'un renforcement du caractère royal, « davidique », de sa personne. On peut se demander si la famille, et non seulement Jésus, n'avait pas quelque prétention au « trône »... ? Le fait que Jacques le frère de Jésus, ait pris la tête de l'Église de Jérusalem, a depuis longtemps conduit les spécialistes des évangiles à considérer la famille de Jésus comme influente et parler d'un « christianisme dynastique ». Jésus peut donc bien être un descendant de David, à condition que Joseph soit le père - sinon il y aurait rupture de la chaîne royale !

Mais il est surtout intéressant de constater qu'une des branches du christianisme ancien a fortement souligné le caractère messianique, royal de Jésus - ce qui explique la vigueur d'une foi en un retour du Christ. Une autre branche, représentée par Jean, a développé des « confessions de foi » à charge plus symbolique : Jean parle de « lumière du monde », de « bon berger », de « chemin » et l'image d'un Jésus grand-prêtre gagne sur celle d'un Christ-roi. Et le Christ « élevé » revient sous forme de « consolateur » (paraclet).

Déjà à la fin du 1er siècle, la foi est très différenciée suivant l'Église dans laquelle a évolué la tradition au sujet de Jésus.

Conclusion

Un Jésus plus humain, donc plus proche

Ceux qui cherchent des vérités historiques absolument sûres risquent d'être décus. Mais les textes constituant l'« Évangile de l'enfance » nous parleront si nous les considérons pour ce qu'ils sont : des confessions de foi de la fin du 1er siècle. Ils vont alors nous inviter à développer notre propre confession de foi.

Nous fêtons donc un roi sans couronne et sans état civil précis ? N'en est-il pas mieux ainsi ? Pour qui ne veut pas retomber dans le polythéisme, le Seigneur, l'unique, reste Dieu. Et Jésus, reprenant sa place parmi les humains, nous devient d'autant plus proche : Ami ? Frère ? Maître ? Exemple de vie ? L'important sera de trouver en lui, et par lui, ce qui nous aide à vivre.

Ernest Winstein

Notes

1. Luc garde probablement la forme primitive de ce verset que Marc présente ainsi, supprimant Joseph " N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon ? " Marc 6,3).

2. Matthieu (13,55) ne nomme pas Joseph dans ce passage, et suit donc Marc, mais transforme le nom de Josès, le frère de Jésus, en Joseph.

3. Tout le chapitre 7 de l'Épître aux Hébreux cherche à démontrer que Jésus est un autre prêtre, « dans la ligne de Melchisédek (7,11) qui n'accède pas à la prêtrise en vertu d'une loi de filiation humaine » (7,16). Melchisédek est considéré comme « prêtre pour l'éternité », et n'ayant « ni père, ni mère » et se trouve ainsi « assimilé au fils de Dieu » (7,3 - à rapprocher de l'annonce « Il sera appelé fils du Très-Haut » dans Luc 1,32).

Un des manuscrits de la Mer Morte, l'Apocryphe de la Genèse, découvert dans la grotte 1, présente explicitement Melchisédek comme « prêtre du Très-Haut ». Remarquons que Marie n'est pas évoquée dans la lettre aux Hébreux.

4. Voir, e. a., Maurice Goguel, La naissance du christianisme, Paris, 1955, pp.129ss.

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Le présent du roi mage

Nous pensons connaître beaucoup d'oeuvres d'art, même dans leurs détails. Cependant, dans la vie courante, leur souvenir s'est le plus souvent effacé de notre mémoire. Avons-nous d'ailleurs usage des images qu'elles nous ont apporté, des symboles qu'elles véhiculent, des idées qu'elles font éclore ?

Je pense ici à cette magnifique adoration des mages qui orne à Autun un des chapiteaux de la cathédrale. La Vierge, très juvénile, est à droite, de trois quarts, elle porte sur ses genoux son enfançon. A gauche, les trois rois mages, profondément sculptés, portent tous en tête une couronne peu haute et carrée. On sent une représentation ancienne des marques de la royauté et on évoque la couronne de fer des rois lombards.

Le roi placé à l'arrière apporte à l'enfant ou à sa mère un livre relié qu'il tient serré contre lui, présent assez rare dans l'iconographie habituelle. Les deux autres rois offrent de grosses boules rondes surmontées d'un couvercle qui complète l'aspect sphérique des deux objets. Celui des rois qui est le plus proche de la Vierge a plié le genou et s'est incliné : son offrande est donc au niveau de l'enfant.

Ce dernier a un geste plein de charme. Il se penche en avant et 1'on comprend que Marie le retient de ses deux mains pour l'empêcher de tomber. La petite main droite de son fils est dirigée d'un mouvement très souple vers le couvercle du présent. On imagine que son brillant attire les yeux de l'enfant qui veut s'en emparer pour jouer avec lui. Certains donnent encore un autre sens à ce geste : en s'appropriant ce présent, Jésus manifesterait sa souveraineté sur les mages !

J'assiste un jour à un baptême dit oecuménique. A côté du pasteur qui a aspergé le bébé et de la maman qui le porte, le curé, à la fin de la cérémonie, en vient à l'onction rituelle de la liturgie catholique (onction que celle-ci cependant omet souvent). Il s'agit sans doute d'un rite de purification. L'ustensile doré qui contient le chrême brille et attire les regards. Le bébé aussi le remarque et se penche sur lui, agitant sa longue robe blanche exhumée du placard d'une grand-mère. Le geste du bébé attendrit le curé qui le laisse faire pendant un instant. Puis la maman ramène son enfant vers elle...

Quelques secondes ont suffi. Ce geste de grâce est exactement pour moi celui que le sculpteur du chapiteau a voulu rendre. C'est un moment de beauté que je saisis en un éclair et qui me renvoie vers Autun. Temps infime, mais minute immense où le temps de Dieu a rejoint le nôtre.

Que conclure ? On pourrait simplement parler de la véracité de la scène et du talent du sculpteur. Je peux aussi admirer la fillette, nullement émue d'avoir été barbouillée de chrême, sa présence d'esprit, son geste gracieux. Autre chose me semble devoir être proclamé. C'est un don de Dieu que de pouvoir assister dans la vie à de tels moments de grâce, de beauté, si courts et en même temps si intenses. Ils nous donnent d'abord de communiquer avec la spiritualité d'un artiste du Moyen Age et, à travers la scène qu'iI a composée, avec une vérité de l'enfance. Goûter, en étant attentif, à de tels gestes de beauté, c'est participer à un instant de vérité éternelle. Dieu est là et je m'émerveille.

Bernard Félix

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De l'irrationnel

En octobre est sorti le film américain « Signes ». Le personnage principal est un pasteur qui a quitté son ministère à la suite de la mort accidentelle de sa femme. Il est devenu fermier, et aperçoit un beau jour dans un de ses champs de maïs des traces bizarres et inexplicables 1. Sans dévoiler ni la suite ni la fin, disons que ces traces, dans ce film, témoignent du passage d'extra-terrestres. Des critiques de cinéma éprouvent le besoin d'y voir une allusion aux attaques du 11 septembre 2001, à Georges W. Bush et à l'actualité. Ce n'est pas nécessaire, car il s'agit d'un thème récurrent : citons simplement le livre de Herbert G. Wells « La guerre des Mondes » (1896) et son adaptation à la radio par Orson Welles (1938), qui décrivaient l'invasion des États-Unis par des Martiens, sans parler d'innombrables films décrivant ce genre de défi lancé à notre planète. L'un d'entre eux, « E.T. », évoquait par contre les relations plutôt sympathiques d'un de ces « étrangers » avec des enfants terriens.

Changement du paysage religieux

Il y a plusieurs manières de « lire » ce film « Signes ». L'une d'elles est d'y voir un parallèle avec un récent sondage fait aux USA. sur la situation religieuse de ce pays et son évolution entre 1990 et 2000, et dont les résultats ont paru dans le « Christian Science Monitor ». Il indique que le paysage religieux de l'Amérique change, notamment à la faveur de l'émigration, et aussi à la suite des déplacements internes de population. Les grands perdants semblent être les Églises institutionnelles, entre autres The Presbyterian Church, The United Church of Christ et The United Methodist Church. Mais cela n'a rien à voir avec du scepticisme religieux 2!

Tel est un peu le parcours de ce film : on sort d'une Église, non spécifiée, mais protestante (ce pasteur est marié), peut-être épiscopalienne. Et puis on rentre dans l'irrationnel, plus ou moins superstitieux, en tous cas dans le domaine de l'imaginaire et du religieux, avec la présence et l'action des petits hommes verts.

Tel est aussi le parcours de notre monde, et particulièrement de la France. On a voulu y écarter tout ce qui ressemblait à la religion, soit parce que l'Église (surtout catholique) ressemblait fort à un pouvoir, soit parce que le religieux handicapait la vue claire de la raison. Parmi les traditions bien françaises, il y a celle d'une laïcité pure et dure, qui ne sait toujours pas quoi faire de l'enseignement des faits religieux 3.

Occident et irrationnel

Et voici que l'irrationnel, mis à la porte, rentre par la fenêtre. La civilisation de l'Occident a constamment connu une lutte entre deux tendances. Saint Paul lui-même oppose la sagesse et la folie (Celle de la croix, 1 Corinthiens 1,18-30)... L'une cherche à expliquer le monde et donc à le dominer par la puissance de la raison, de l'esprit critique, du fonctionnement du cerveau. L'autre, plus globale sans doute, veut impliquer toutes les données humaines, autant celles de l'émotion que le rêve ou l'imagination. L'une et l'autre ne sont d'ailleurs pas obligatoirement opposées, comme le démontrent certaines utopies. Il faut de l'irrationnel dans notre vie et dans celle de la société : la démonstration a contrario de ce besoin est bien l'Europe de nos jours, à laquelle manque justement une dimension irrationnelle, beaucoup d'imagination, de rêve, et un peu de folie. Des comptables ou des légistes, même bons, n'ont jamais enthousiasmé personne pour une cause.

L'irrationnel dans notre société

Mais, en ce début de siècle, la balance n'est pas égale. En cette fin d'année, ne revenons pas sur les habituelles superstitions et voyances, prédictions pour les douze mois à venir. Mais il existe d'autres domaines. Citons simplement quelques exemples.

A tort ou à raison, les OGM (Organismes modifiés génétiquement) suscitent une crainte. Or le débat est fréquemment faussé, parce qu'il ne s'agit pas d'échanger des arguments scientifiques pour justifier la valeur ou le danger de ces produits, maïs, soja ou autres. En effet, la position prise par rapport à ces OGM est la plupart du temps dictée par des a priori qui n'ont rien à voir avec la science. Est-ce aussi l'une des raisons pour lesquels les médicaments « génériques » ne sont pas encore beaucoup prescrits ? Est-ce seulement une question de vocabulaire, ou bien de l'angoisse devant la manipulation de gènes ?

Les manifestations antimondialisation, comme celles faites le mois dernier à Florence, sont un autre exemple de comportement irrationnel. On y constate des réflexes contre une situation économique difficile, contre la globalisation et le néo-libéralisme ; pourtant il est difficile d'y trouver des projets d'avenir raisonnés. Cela ressemble plus à des refus irrationnels et incantatoires. Derrière ces mouvements, n'est-ce pas la vision plus ou moins idyllique d'une vie sans conflits qui se révèle, à l'échelle de la planète comme à l'échelle d'un pays ? C'est un peu une tarte à la crème de dire que nous vivons une période de mutations et de crises d'identités. Il n'est pas sûr que fournir des slogans suffise à mieux la vivre et l'assumer ; il faudrait aussi un recul critique et une réflexion d'ordre rationnel.

Ensuite, depuis le 11 septembre, on s'évertue à expliquer le terrorisme de manière rationnelle. Voire à le justifier, mais c'est une autre problématique, impliquant des jugements de valeurs 4. Ces démonstrations ne reposent pas sur un romantisme de l'action, ou son idéalisation, tel qu'on les trouvait chez des écrivains d'avant-guerre comme Kessel ou Malraux. Mais elles se veulent étayées par des arguments rationnels, voulant démontrer que l'existence de ces actes correspond à une relation de cause à effet. Pourtant, c'est à peu près aussi rationnel que ce qu'on nous présentait jadis comme le « marxisme scientifique ».

Irrationnel et succés

Dans le domaine religieux, les constatations du sondage cité au début sont intéressantes, et elles valent sans doute pour d'autres pays que les États-Unis. Deux groupes d'Églises sont en nette croissance par rapport aux autres, pour des causes différentes, mais la raison n'y trouve pas forcément son compte. L'une est l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (autrement dit : les Mormons), dont la croissance a été de 19 % dans ces dix dernières années. L'autre compte les Églises évangéliques, en particulier les Pentecôtistes, en augmentation de 18, 5 % dans le même laps de temps (D'ici à la moitié de ce siècle, la « compétition » aux États-Unis risque ainsi d'être entre ces Églises et l'Église catholique, qui s'est accrue de 16,2 %). Dans l'un et l'autre cas, ce n'est pas diminuer la valeur de ces Eglises que de dire qu'elles ne favorisent pas spécialement une recherche critique ni une attitude raisonnée vis-à-vis des dogmes.

Pierre Stabenbordt

Notes

1. De tels signes géométriques ont pu être observés dans des champs aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en France, sans qu'un explication entièrement. satisfaisante ait pu être trouvée.

2. Sur les changements du paysage religieux français, on peut consulter les recherches publiées par les étudiants de l'école du journalisme de Lille " Teo, la France des religions, dans l'intimité des croyants d'aujourd'hui ", Ecole supérieure du Journalisme, 50 rue Gauthier de Châtillon, 59046 Lille Cedex, ou sur le site,www.esi-lille.fr/atelier/magan2/teo/index.html.

3. Dans cette perspective laïque, on aboutit d'ailleurs à des conséquences curieuses : des enseignants seraient réticents à parler du christianisme, par un vieux fonds d'anticléricalisme, mais seraient disposés à parler de l'islam.

4. Le piquant est que ceux qui justifient le terrorisme sont souvent les mêmes qui sont contre la guerre. Là aussi, la logique rationnelle est plutôt contournée.

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Dialogue catéchétique

...Comme on faisait dans l'ancien temps. A des questions convenues, on formulait des réponses un peu toutes faites. Là, à quelques questions convenues, nous voudrions faire des réponses non pas inconvenantes, mais pas forcément attendues.

C'est quoi le christianisme ?
- C'est la réponse de l'humain abandonné à son Père adoptif

Qui est Jésus ?
- C'est un homme qui n'a pas voulu être quelqu'un d'autre.

C'est qui Dieu ?
- Dieu, c'est quelqu'un de solitaire, qui cherche sa famille.

C'est quoi, le ciel ?
- C'est ce que tu vois bouger parfois, dans l'eau, quand elle ne bouge pas.

Pourquoi on meurt ?
- Pour que la mort disparaisse.

Pourquoi on vit ?
- Pour aimer.

Pourquoi on souffre ?
- Pour rien.

Mais pourquoi on souffre ?
- La souffrance n'est pas voulue. Elle est naturelle et aveugle.

Comment ne plus souffrir ?
- Observe. Renouvelle ton intelligence.

Le diable existe-t-il ?
- Oui, il est tout ce que ton imagination n'est pas !

Quand on rêve, où est-on ?
- On n'est pas.

Et quand on ne rêve pas ?
- On rêve encore

Les anges existent t-ils ?
- Oui. Sans eux nous serions perdus.

Qu'est-ce qui est le plus amusant dans la vie ?
- Chercher toujours ce qui est le plus beau.

Mais pourquoi ?
- On dit que Dieu est beau ! Que cela fait partie de ses vertus.

Qu'est-ce que ça veut dire, croire ?
- C'est se percevoir, comme dirait Ésaïe (en fait, je dis bien en fait) « non-abandonné ».

Et ça sert à quoi ?
- A beaucoup de choses. Ne plus avoir peur de rien, par exemple.

C'est possible ?
- Peut-être pas. Mais sans « peut-être », croire ne signifie rien.

Comment transmettre ?
- En regardant ce qui est fragile dans l'autre, et en aimant cette fragilité.

Ce qui est précieux est forcément rare ?
- Non, heureusement que non.

Pourquoi Dieu n'est-il jamais là ?
- Peut-être que c'est toi qui n'est pas là.

Pourquoi dit-on que Dieu peut tout faire ?
- Peut-être pour éviter de le faire.

Qu'est-ce qui est le plus triste dans la vie ?
- Un lendemain de fête.

Le plus joyeux ?
- Une veille de fête.

Qu'est-ce qu'une fête ?
- Un jour sans précédent ni lendemain.

C'est quoi la tentation la plus grave ?
- Vouloir être quelqu'un d'autre.

Comment savoir qui ont est ?
- Ce n'est pas la peine. Il suffit d'admettre que tu es quelqu'un.

Ca veut dire quoi être aimé ?
- Etre sorti de l'indifférence.

Qu'est ce que l'âme ?
- Ta différence.

Merci

Robert Philipoussi

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Théodore Monod (1902-2000)
Homme d'une foi libérée des dogmes

« Le christianisme, ce n'est pas une philosophie, ni une construction intellectuelle et dogmatique et encore moins une institution. Le christianisme est une foi, une espérance ».

L'histoire de l'Église s'est arrêtée à Nicée en 325. Personnellement, je ne comprends rien aux questions théologiques que les Pères, rassemblés à Nicée et à Constantinople ont débattues. Je ne vois pas pourquoi on a laissé la philosophie grecque envahir l'Evangile. Le concile de Nicée, réuni à l'initiative de l'empereur Constantin qui se piquait de théologie, marque à mes yeux une triste époque pour l'Église. Il est regrettable que I'Église ait fait disparaître toutes les trace, des débats qui s'étaient fait jour au sein des premières familles chrétiennes et que les théologiens chrétiens n'aient pas adopté le mode de questionnement du Talmud. Ainsi s'est constitué un dogme rigide, si rigide d'ailleurs que personne n'a réussi à le faire évoluer depuis Nicée. Si Arius et l'arianisme l'avaient emporté, on n'aurait jamais considéré le Rabbi Jehochoua autrement que comme un homme. Sous prétexte que les Pères, en ont décidé à Nicée, on ne va tout de même pas enchaîner la pensée chrétienne pour des siècles. L'espérance a une fonction très spéciale. Il ne s'agit pas d'un savoir. Je ne peux augurer de ce que sera la théologie chrétienne dans 1000 ans. Mais J'ai le droit d'espérer que le bon sens l'emportera.

Je n'aime pas beaucoup la vérité au singulier. Personne ne peut prétendre la détenir. Mais au cours de notre existence, nous pouvons conquérir des vérités partielles qui peuvent éclairer notre destinée psychologique et même spirituelle... Le fait de ne pas posséder de théologie très précise m'empêche d'être dogmatique et de fournir des définitions precises quant à mes croyances. J'hésite devant telle ou telle formulation. Je me considère davantage comme un esprit en recherche qui souhaite découvrir des solutions aux gigantesques problèmes qui se posent à l'âme humaine.

Heureux ceux qui peuvent se contenter d'un catalogue fourni par le premier catéchisme venu. Tel n'est pas mon cas.

Restons là où le destin nous a placés. Si j'étais né au Tibet, je serais moine dans une lamaserie. Mais je ne vais pas faire semblant d'être tibétain. Je ne le suis pas. Je considère qu'il existe une montagne unique que nous gravissons les uns et les autres par des sentiers avec l'espoir de nous retrouver un jour dans la lumière au-dessus des nuage. Et on peut gravir cette montagne sans pour autant suivre les, sentiers officiels des religions. Je continue à chercher, à essayer de nourrir une foi qui soit crédible. Les gens sont souvent scandalisés, lorsqu'on leur dit qu'il faut faire évoluer la foi. Et pourtant il n'est plus que jamais temps de rebâtir une pensée chrétienne.

Dans « L'émeraude des Garamantes », on trouve cette confidence étonnante. Il raconte que pendant plusieurs nuits au cours d'un de ses voyages sahariens, alors qu'il dormait à 3000 mètres d'altitude, il reçut la visite d'un ange qui lui présenta six témoins :

Le Frère Laurent, l'amour - Spinoza, la pensée - Tierno Bokar, la pitié - Ramakrishna, l'Unité - Georges Fox, la conscience - Alexandre Vinet, la liberté. Au terme de ces nuits, il s'est entendu dire par l'ange qui accompagnait ces témoins : Retourne où t'appelle ta besogne d'homme. Ici, on ne peut que passer. Mais on doit revenir enrichi, transformé. Souviens-toi. Accroche, pour mieux la conserver au Symbole d'un hexagramme la mémoire de tes visions... Bien des pays, bien des races, bien des vocabulaires, bien des religions : un seul accent, une seule certitude, et, pour en résumer la substance, mets au centre de l'étoile, en lettre de flamme, ces mots mémorables du sixième témoin. Pour se donner, il faut s'appartenir. Je veux l'homme maître de lui-même pour qu'il soit mieux le serviteur de tous.

Et Théodore Monod de conclure : « L'exemple de ces hautes figures ne doit pas nous inciter, nous, homme, ordinaires, au découragement. Ce sont nos frères aînés sans doute, mais nos frères qui nous convient à leur suite à gravir la montagne sainte au prix d'un effort individuel, méthodique, inlassable. La vie intérieure, alimentée et cultivée : dans ce domaine-là qui n'avance pas recule, et qui s'arrête en chemin risque de perdre ce qu'il avait acquis ».

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Exposition Modigliani à Paris

Des dizaines de tableaux représentant les visages d'hommes et de femmes. Surtout de femmes. Jeunes, paisibles. Rarement souriants. Visages inclinés, yeux souvent dissymétriques, et souvent non peints. Ou alors avec une pointe de lumière dans la pupille. Regards tournés vers l'intérieur. Méditation, immobilité pensive. Visages peu expressifs, mais certainement pas endormis !

Modigliani a peint les hommes et les femmes de Paris. Surtout les jeunes. Seulement les visages. Les personnages ne sont jamais peints en pied.

Quelques femmes nues couchées. On dit qu'à l'époque elles ont fait scandale. Sont-elles érotiques ? Elles sont sensuelles certes ; pas provocantes. Modigliani aimait les femmes.

Une pourtant ressemble à l'« Olympia » de Manet, dont elle a la pause et le regard sans timidité, fixé sur le visiteur. Manet l'avait représentée insolente, prostituée certainement, Modigliani l'a vue plus douce, moins violente, moins agressive ou sur la défensive. Les autres femmes nues sont naturelles et simples, sympathiques et tranquilles.

Modigliani était arrivé à Paris de son Italie natale en 1906, en même temps que le Roumain Brancusi, l'Espagnol Juan Gris, à la suite du Hollandais van Dongen et de l'Espagnol Picasso. Puis arriveront dans leur groupe d'amis le Russe Chagall, le Hollandais Mondrian, le Japonais Foujita et le Lituanien Soutine. Venus des quatre coins de l'Europe, ils se retrouvent à Montparnasse, à la Closerie des Lilas, à la Coupole ou au Sélect. Modigliani, Léger, Chagall et Soutine logent à la Ruche, ancien pavillon de l'Exposition universelle, devenue logement bon marché ; ils s'unissent dans la fraternité que l'on appellera l'« École de Paris » et lorsque les organisateurs du Salon des Indépendants veulent exposer leurs oeuvres en les classant par nationalités, nombre d'entre eux quitteront le salon. Aucune exclusive anti-française parmi eux : ils élisent le Français Paul Fort « prince des poètes » à la Closerie des Lilas.

Ils sont venus à Paris pour y trouver l'extraordinaire dynamisme intellectuel qui permettait l'ébullition des idées et l'ouverture à toute expérimentation nouvelle en un horizon élargi.

Modigliani ne suivra pas Pablo Picasso ou Juan Gris dans leur découverte du cubisme. Il ne sera pas non plus dadaïste ou surréaliste comme le seront Salvador Dali, Miro ou Max Ernst. Il demeurera dans cette douce et tranquille École de Paris aux représentations tout à fait figuratives et heureuses. Une peinture heureuse dans l'époque dramatique de la Grande guerre. Il faut y penser en interrogeant du regard les visages de ces jeunes au regard énigmatique, des visages seuls. Modigliani les représente tous avec la même tendresse et la même bienveillance. Ses modèles ne sourient pas. Certains amorcent peut-être un très léger sourire, d'autres ont un petit air triste. En réalité Modigliani ne sous-estime pas la détresse, la solitude, le courage, la force, la méditation des hommes. Modigliani sourit à ses contemporains de ce demi sourire de ceux qui sont, et à juste titre, trop sensibles à la souffrance et à l'angoisse du monde au malheur des temps pour se laisser aller au grand rire léger des indifférents. Mais il a trop de chaleur et d'espérance pour représenter leurs larmes éventuelles.

Modigliani voit les jeunes comme des humains qui ont besoin d'être connus, aimés, compris, comme ils cherchent eux-mêmes, en se cachant derrière leurs regards sans expression à se connaître et à se comprendre eux-mêmes. Nous dirions aujourd'hui qu'il a une spiritualité « universaliste ». Il ne regarde pas le mal ou le péché, ne suggère rien, ne pose pas de question, de même que Jésus n'en posait pas non plus. Dans cette grande exposition du musée du Luxembourg, nous baignons dans la tendresse de celui qui, peut-être sans s'en rendre compte, explicite, vit et rayonne la grâce de Dieu, représente les jeunes de son temps « à l'image de Dieu ».

Exposition Modigliani, Musée du Luxembourg,
19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, jusqu'au 2 mars 2003

Gilles Castelnau

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Choix de livre

LE LIVRE DES ROIS MAGES. Madeleine Félix, Editions Desclée de Brouwer - 240 pages 25X31 - 55 E - Très nombreuses illustrations.

Remarquable livre d'art avec des reproductions d'oeuvres de toute l'Europe. Excellents textes d'études historiques, artistiques et théologiques sur les Mages et leurs impacts sur la culture occidentale. Nous renouvelons, à l'occasion des couvertures de ce numéro, notre émerveillement de cette publication.

Christian Mazel

LA BIBLE ENTRE LE CULTE ET LA CULTURE (Vingt siècles de vitalité et de résistance), Michel Leplay, Editions du Moulin (Diffusion en France : Desclée de Brouwer - 91 pages 12,5xl8 - 10,37 E.

L'histoire de l'Occident avec ses communautés chrétiennes et juives a été marqué par la Bible. Notre civilisation en est issue. Le pasteur Michel Leplay en dresse un excellent panorama historique avec de judicieuses analyses. La Bible avec toutes les traductions récentes reste un best seller mondial. Dans notre société déchristianisée, alors que nos contemporains semblent oublier leurs racines et repères, la Bible reste source de culte et de culture. Ce petit livre d'une lecture agréable, suit les aspects souvent ignorés de notre patrimoine et propose des jalons pour demain. L'auteur a été directeur de Réforme et prèsident de région ERF.

Christian Mazel

FOI D'HISTORIEN. Gabriel Mutzenberg, Ed. Labor et Fides (Diffusion SOFEDIS,Paris) - 174 pages 15x2l - 20 E.

Parvenu à son heure avant-dernière l'historien dresse la chronique de sa vie et donne un reflet de la vie religieuse et spirituelle en Suisse romande, dans les Grisons et de la littérature rhéto-romane.

Il évoque aussi des sujets d'histoire qui lui paraissent importants. Par exemple Calvin le mal-aimé et Henri IV, roi de France, le trop aimé. Défenseur de Calvin il le présente comme victime d'un anticalvinisme obscurantiste.

L'historien Mutzenberg s'est éteint Genève à l'âge de 83 ans ces jours-ci après une longue maladie. En 1985 il publiait « La Réforme,vous connaissez ? » dont nous avons rendu compte.

Christian Mazel

PORTE OUVERTE SUR LA LITURGIE. Soeur Myriam, Editions Réveil Publications - 72 pages - 16 E.

Des méditations et des prières suivent l'année liturgique et se proposent comme aide à recréer un rythme intérieur. De belles photos accompagnent les textes et leur donnent ouverture. Soeur Myriam a été prieure de la Communauté de Reuilly.

Christian Mazel

L'ÉPURATION SAUVAGE. Philippe Bourdel, Paris, Perrin 2002 - 570 pages.

Triste... à partir d'une documentation solide - point exhaustive cependant le tableau d'un épisode peu glorieux de notre histoire. Après 4 ans d'un pouvoir dictatorial, appuyé en 43-44, sur une organisation criminelle - la Milice - cela a été le « débondement » qui, au sud de la Loire, a parfois pris des allures de guerre civile. Des allures, car il n'y a pas eu deux camps nets. Trop d'ouvriers, d'instituteurs sont attentistes, car pacifistes ; et la bourgeoisie de zone Nord, depuis 41, traîne les pieds. Région après région, c'est le tableau des exactions : passage par les armes de PG allemands innocents. L'auteur de ces lignes, enfant a assisté à deux d'entre eux. Nombreux internements arbitraires, fusillades de « traîtres » sans jugements, vols, assassinats d'« ennemis de classe », notables, adversaires de 36, « pécheresses » tondues et parfois promenées nues dans les rues. A Antibes, des bonnes soeurs italiennes échappent de peu à ce châtiment ! Pour comble, les compétences des différents tribunaux sont mal définies et les autorités (préfets régionaux et départementaux) affrontent l'anarchie sans moyens. Là, la responsabilité de de Gaulle et d'Alger est évidente. Les chiffres ? L'auteur avance une fourchette de 10 à 15 000, mais admet qu'elle puisse être rabaissée de moitié. Frenay, le fondateur de Combat, à la veille de sa mort, se reprochait de n'avoir point parlé en 44-45. C'était un peu tard... Il en reste une tache sur l'honneur de la Résistance non communiste, car du PC, mieux vaut ne point parler. Il était en flèche pour l'épuration.

Jean Georgelin

UNE INGULIERE HISTOIRE DU PCF. 1921-1978. Gérard Sreiff - J.Kanapa, Paris l'Harmattan 2001. T.1 : 571 p - T2 : 587 p

Encore un livre sur le communisme, mais talentueux, objectif. A travers la vie d'un intellectuel controversé c'est une bonne coupe sur le PC. Kanapa, fils d'un banquier juif, adhère au parti après avoir été l'élève de Sartre. Brillant agrégé de philosophie, il est, d'entrée de jeu, permanent, et comme tel, sillonne l'Europe. 1948-1958 : très tôt, les intellectuels prennent leurs distances. Ce qui ne rend que plus absurde le pro-soviétisme échevelé de Sartre, de 1952 à l956. Mais Thibaud, rédacteur en chef d'Esprit, l'avait déjà dit : « Cet article, les communistes et la paix 1052, fit de nous de jeunes imbéciles ». La vie du PC apparaît moins schématique qu'on ne l'a dit. Un G.Marchais, astucieux, mais ne tenant pas toujours son bureau politique, des ouvriers et des cadres sectaires, d'origine populaire, fermés à tout aggiornamento. Le désastre électoral de 1981 s'est préparé de longue date. A l'honneur des intellectuels, ils sont partis dès 1978. Un bilan ? Kanapa se sort plutôt bien de cette aventure. Or il a été un aristocrate rouge. Stalinien ? oui et non ; sans illusion sur les pays de l'Est, leurs médiocres dirigeants, leurs sociétés peu solides, rongées par des crise profondes. L'analogie éclate avec l'Église catholique de ce temps. Y.Congar, dont la biographie a été analysée ici même, c'est Kanapa, le Saint Office le Kominform, Ottaviani, Ponomarev, le donneur d'ordres aux partis « frères », frères et soumis.

Jean Georgelin

THÉOLOGIE DE L'ANCIEN TESTAMENT Claus Westermann, Editions Labor et Fides (diffusion en France SOFEDIS Paris) - 326 pages 15x22 - 5,30 E.

Professeur à l'Université de Heidelberg, l'auteur (1909-2000) est un des meilleurs connaisseurs de la Genèse et des Psaumes. Pour lui l'A.T. rend compte des relations multiples entre l'homme et Dieu dans les deux sens. Les principaux sujets abordés dans les chapitres sont : Que dire de Dieu l'A.T. ? ; Le Dieu sauveur et l'histoire ; Le Dieu qui bénit et qui crée ; Les réponses de l'homme à Dieu (louanges, plaintes, culte, commandements) ; l'A.T. et le Christ. La traduction permet une lecture facile de cette large recherche à travers toute la Bible.

Christian Mazel

LES PROPHETES AMOS et OSEE.

Éditions Le Cerf (tél. 01 44 18 12 07, Fax 01 44 18 11 96) - 204 pages 2lx28,5 - 19 E ou abonnement. La collection « Biblia : la parole de Dieu livre après livre » publie chaque mois une excellente brochure très bien illustrée sur un livre de la Bible. Les présentations des livres, la compétence des auteurs, la ligne théologique (historique et critique), les commentaires et la qualité des nombreuses illustrations sont de grandes valeurs pour tous les lecteurs. Ce mois-ci (n° 13) les 2 prophètes Amos et Osée sont proposés: textes, les prophètes dans la Bible, le prophétisme chez les Anciens, Amos (les justes, les pauvres et le prophète), Osée (le prophète de l'amour de Dieu), quelques prophètes aujourd'hui.

Complément d'information sur le livre SUR LES TRACES DES THÉOLOGIES LIBÉRALES Dans la recension faite par le professeur André Gounelle sur le dernier livre de Bernard Reymond, il a été omis le nom de l'éditeur. L'éditeur est Van Dieren, 17 rue Henry Monnier - 75009 Paris

Christian Mazel

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Dans le monde des religions

Archéologie : Jacques frère de Jésus

Provenant du village arabe de Sïlwan (près de Jérusalem), un petit sarcophage de pierre (ossuaire) a été découvert avec une inscription en araméen : « Jacob, fils de Joseph, frère de Jésus ».

L'épigraphiste français, André Lemaire (de l'École des-Hautes Études de Paris) estime (dans Biblical Archeology Review) qu'il s'agit bien de celui que l'historien juif Flavius Joseph nomme « Jacques le Juste » chef de l'Église judéo-chrétienne aprés la crucifixion de son frère, lui même lapidé en l'an 63.

Ce Joseph serait l'époux de Marie. Nous aurions là une 1ère confirmation archéologique de l'existence de Jésus.

L'authenticité a été vérifiée au microscope électronique.L'araméen n'a été utilisé, pour les inscriptions sur les ossuaires, que de l'an 20 à l'an 70. Ce qui correspond à la période historique. L'avis de Jacques Duquesne, journaliste connu pour ses livres sur « Jésus » et "« Le Dieu de Jésus », appuie cette thèse. Cette découverte (l'ossuaire appartient à un collectionneur peu au courant des problèmes théologiques) renforce encore la foi des chrétiens libéraux selon laquelle Jésus a eu une famille « normale » : une mère, un père et des frères et soeurs.

Nous ne pensons pas que ce soit un « abaissement » ou un déshonneur d'avoir une famille !... Au contraire. La croyance en la virginité de Marie a mis plusieurs générations et même plusieurs siècles pour apparaitre. Le culte de Marie date essentiellement du XIXe siècle.

Les Tziganes protestants reçus par Nicolas Sarkozy

Vendredi 8 novembre, Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, a reçu près d'une heure, une délégation de quatre pasteurs de la Mission évangélique tzigane. Il les a laissés s'exprimer et a reçu leurs propositions. La délégation espère maintenant des amendements à la proposition de loi sur le sécurité intérieure.

« Ce n'est pas le peuple tzigane qui est un danger pour la France a déclaré le pasteur Meyer. Nous sommes gitans français depuis le 15e siècle ».

« Notre délit : vivre en caravane et se déplacer. La caravane, c'est notre mode de vie pas notre loisir ! » a-t-il poursuivi. Ils attendent donc des amendements à la loi mais sont prêts « Dans l'honneur de notre peuple et la dignité de notre foi, à aller plus loin s'il le fallait. Mais sans brûler des voitures, pacifiquement ».

Baisse de la pratique et augmentation de la foi

La pratique religieuse en France est en baisse (20 % pour les catholiques) bien que 70 % des Français se réclament du catholicisme et 80 % aient des obsèques religieuses. En une quarantaine d'années, le nombre des prêtres a diminué de 24 000. Il n'en reste que 25 000 dont la majorité a plus de 60 ans. Mais les jeunes européens sont en moyenne plus nombreux à déclarer croire en Dieu. En France on passe de 44 %, il y a 20 ans à 47 %. Il y a 20 ans 30 % croyaient à « une vie aprés la mort ». Ils sont actuellement 47 %. Les Églises devraient méditer sur leurs inadaptations.

L'université catholique de Louvain autorise des manipulations sur l'embryon

L'Université catholique de Louvain autorise le prélèvement des cellules souches humaines sur les embryons surnuméraires et, si nécessaire, la production d'embryons humains pour la recherche. Elle permet également le clonage thérapeutique. Dans un document daté du 7 octobre L'UCL précise cependant que l'embryon humain n 'est pas « un instrument chosifié » et ne peut jamais faire l'objet d'un commerce.

Mahomet un terroriste ?

Le pasteur « évangélique » (comme ils se disent) Jerry Falwell a traité le prophète musulman de « terroriste » lors d'une interview le 6 octobre sur la chaine CBS dans le programme très suivi de « 60 minutes ». Le Conseil National des Églises et diverses organisations religieuses aux USA ont vivement critiqué des propos qualifiés de « haineux, destructeurs et incendiaires ». Le 7 octobre dans l'État indien du Jammu-et-Cachemire, à majorité musulmane, des milliers de manifestants ont envahi les rues obligé les magasins à fermer, ont crié des slogans anti-américains. Un journal iranien aurait réclamé la mort du pasteur Falwell. Le clergé iranien a appelé les fidèles à « ne pas rester silencieux ». Le ministre iranien, Kamal Kharazi, et le ministre de Malaisie Mahathir Mohamed ont condamné cette déclaration. Le pasteur « évangélique » Falwell et le pasteur « télévangélique » Pat Robertson ont traité Mohamet de « fanatique dérangé ». De telles déclarations ne sont pas faites pour favoriser les contacts inter-religieux et le dialogue amical.

Exclu de synagogue

L'avocat du leader palestinien Marwan Barghouti, appréhendé à Ramallah par des soldats israéliens en avril dernier, est désormais interdit de synagogue pour avoir comparé son client à Moïse qui s'est dressé contre la servitude de son peuple en Egypte.

Marche pour la paix en Inde

Des dirigeants chrétiens de New Delhi ont participé à une marche pour la paix, aux côtés de responsables hindous, sikhs et musulmans, afin de protester contre la propagation de la haine au nom de la religion.

L'évêque Karam Masih, de l'Église de l'Inde du Nord, et l'archevêque catholique Vincent Concessao ont rejoint des personnalités à la fin de cette marche de cinq jours qui s'est terminée à Raj Ghat - mémorial du Mahatma Gandhi - le mercredi 2 octobre, jour férié pour commémorer le jour de la naissance de Gandhi.

Des enfants d'écoles chrétiennes se trouvaient parmi les centaines de jeunes des écoles de Delhi qui ont parcouru quelques kilomètres, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Plus de haine » et « Gardons la mémoire de Gandhi vivante ».

La marche de plusieurs centaines de kilomètres avait débuté près d'Ayodhya, ville sainte hindoue, le 27 septembre, et s'est déroulée par étapes avant de se terminer devant la flamme sacrée de Raj Ghat, là où Gandhi a été incinéré.

France enseignement du fait religieux

Un an aprés le 11 septembre, l'éducation nationale a du mal à combler ses lacunes en matière d'enseignement religieux à l'école, car beaucoup d'enseignants craignent encore de trahir le principe de laïcité en abordant la question. Pourtant l'urgence de développer cet enseignement de manière pluridisciplinaire et d'améliorer la formation des enseignants, ainsi que le contenu des manuels scolaires, a été souligné, lors d'un séminaire national interdisciplinaire sur l'enseignement du fait religieux à l'école, ouvert aux cadres de l'éducation nationale, qui s'est tenu à Paris du 5 au 7 novembre.

« Alors que jusqu'à présent les problèmes que peut poser l'enseignement du fait religieux étaient principalement présenté dans une perspective historique et géographique, ils doivent désormais concerner davantage les littéraires, les philosophes, les professeurs d'enseignements artistique ou de langues vivantes qui ont des réponses spécifiques à apporter », a déclaré le ministre délégué à l'enseinement scolaire, Xavier Darcos, en ouverture d'un colloque consacré à l'enseignement du fait religieux à l'école.

Dans un entretien, paru dans la Croix, le 5 novembre, le ministre de l'éducation nationale Luc Ferry, a déclaré « Je soutiens le projet de Régis Debray qui vise notamment à aider les enseignants à mieux pénétrer une culture religieuse qui fait souvent défaut ».

« On est en train de dépasser une phase anticléricale militante et au nom de l'intelligence et de la culture, on admet que nous devons mieux connaître l'histoire religieuse pour comprendre notre monde », a-t-il ajouté.

Fédération lutherienne Mondiale

Le conseil de la FLM a pris acte du départ de la FLM de l'Église Lutherienne de Chine (Talwan), en raison de son désacord avec la Déclaration commune sur la Justification signée avec l'Église Catholique Romaine.

 

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